A retrouver sur France Bleu avec l'interview de notre camarade Pauline Salingue
Quatrième lundi de grève consécutif au CHU de Toulouse ce lundi 27 juin. Depuis dimanche et jusqu'à mardi matin, 7 heures, seules les urgences vitales sont prises en charge à Rangueil et Purpan. Il faut même avoir appelé le 15 et obtenir l'aval du SAMU avant de vous déplacer aux urgences toulousaines.
Le blocage continue, malgré la promesse de créer 16 postes supplémentaires. Où en sont les négociations entre la direction du CHU et l'Agence régionale de Santé d'Occitanie ? Pauline Salingue, déléguée CGT pour le personnel hospitalier au CHU, est notre invitée sur France Bleu Occitanie.
C'est le quatrième lundi de grève en un mois à l'hôpital public. Bonjour Pauline Salingue, pourquoi un tel bras de fer ?
Tout simplement parce que la direction du CHU de Toulouse refuse de discuter réellement avec les agents des urgences de Purpan, de Rangueil et des urgences psychiatriques. Elle refuse d'accéder à leurs revendications, prétendant étudier la situation sur le terrain avant de décider d'agir.
Mais ces gens-là se mettent en grève et c'est inédit, d'une certaine manière. Qu'on en arrive à un quatrième lundi de grève totale, ça veut dire qu'ils ont bien réfléchi avant de faire ça, qu'ils ont également tout essayé. On a fait des réunions suite à des dangers graves et imminents mais la direction est un véritable mur qui refuse de discuter.
Ils vous quand même promis 16 équivalents temps plein et huit postes à Rangueil.
Oui, des propositions faites uniquement après trois lundis de grève. Sauf qu'aujourd'hui, ce que demandent les agents, c'est 40 postes à Purpan, 22 à Rangueil et 27 aux urgences psychiatriques. Tout simplement pour assurer la sécurité des soins.
Aujourd'hui, les patients qui sont pris en charge aux urgences sont mal pris en charge, par manque de personnel. On se retrouve avec des patients sur des lits dans des couloirs parce qu'il n'y a pas assez de lits en aval. Il n'y a plus de place dans les services.
Mais la faute à qui ? La faute à ces directions, à ce gouvernement qui a supprimé plus de 100.000 lits en 20 ans. Donc ils ont beau jeu aujourd'hui de dire que la solution n'est pas seulement d'embaucher, c'est de travailler sur ces lits qui sont manquants. Mais c'est eux qui sont responsables de leur suppression. Donc là, l'urgence c'est justement de recruter du personnel qui puisse s'occuper de ces patients qui malheureusement stagnent aux urgences.
Mais Pauline Salingue, où est-ce qu'on trouve l'argent ?
De l'argent magique, il y en a eu des dizaines de milliards pendant les confinements. D'autres dizaines de milliards sont reversés sous forme de dividendes aux patrons des grandes entreprises au CAC40. Donc l'argent existe.
La santé, ce n'est pas quelque chose qui doit rapporter de l'argent. Oui, ça coûte, mais quel prix a une vie ? Parce que c'est de ça dont on discute aujourd'hui. La direction pointe du doigt les grévistes et les syndicats, disant que l'on met en danger la santé de la population. Mais ce sont ceux qui en 20 ans, ont fermé deux tiers des services d'urgences, des maternités, des hôpitaux de proximité, qui ont fermé plus de 100.000 lits, qui mettent en danger.
Donc aujourd'hui, oui, au niveau national, c'est 200.000 postes qu'il faut dans les Ehpad, 100.000 dans les hôpitaux. Rien que sur le CHU de Toulouse, c'est 1.500 postes qui manquent. Nous, cet argent, on ne veut pas en entendre parler parce que c'est la vie de nos enfants, de nos amis, de la population qui est réellement mise en danger. Des drames, il y en a eu, on n'en veut plus.
On a bien compris que la proposition des 16 postes ne nous satisfait pas. Mais que souhaitez-vous exactement ? Et jusqu'où comptez-vous aller ?
La direction prétend que c'est les syndicats qui bloquent et qu'il y a eu une rencontre lundi dernier avec le directeur général du CHU et le directeur de l'ARS. Mais pour que cette rencontre se tienne, il a fallu qu'on occupe la salle du conseil de surveillance car ils refusaient de nous recevoir.
Donc, concernant le calendrier des négociations, c'est d'abord demain une réunion de négociation pour les urgences psychiatriques. Pour le reste, c'est que dalle. La direction ne propose rien aux agents grévistes, alors qu'elle sait pertinemment que cette mobilisation se poursuivra si les agents n'obtiennent pas satisfaction.
Est-ce qu'il peut y avoir un cran supplémentaire dans votre mobilisation ?
Mais on y est déjà. Au début, il n'y avait que Purpan. Puis il y a eu les urgences psychiatriques, ensuite Rangueil. Là, il peut y avoir les urgences pédiatriques et n'importe quel autre service du CHU de Toulouse parce que tout le monde est dans une telle difficulté que c'est ce qui pend au nez de la direction si rien n'est fait, si les personnels ne sont pas écoutés.
Qu'est-ce que vous dites ce matin aux auditeurs inquiets d'entendre que leurs urgences sont et seront fermées ?
On leur dit d'interpeller très fortement la direction du CHU de Toulouse pour qu'elle réponde aux revendications des grévistes. Et d'ailleurs, le soutien de la population est très fort. Ce n'est pas pour rien que la direction du CHU, depuis maintenant 24 heures, bloque la possibilité de commenter sa page Facebook parce que tous les commentaires allaient en soutien des agents grévistes.
Donc maintenant, c'est la direction qu'il faut interpeller parce que la balle est dans leur camp et dans celui du gouvernement. Il faut recruter d'urgence. On va nous dire "on n'y arrive pas", mais il faut augmenter les salaires, il faut améliorer les conditions de travail et là on y arrivera.
C'est eux les responsables, c'est pas nous. Il y a une très forte culpabilisation des agents grévistes. Ces derniers connaissent les conséquences de cette grève mais s'ils le font, c'est qu'ils pensent aussi aux conséquences que ça aurait de ne pas agir. Cela signifierait des morts demain, faute de prise en charge, parce que plus de moyens dans l'hôpital public.
Est-ce qu'il y a encore de soignants suspendus parce qu'ils ne sont pas vaccinés ? Vous demandez leur réintégration ?
Tout à fait. Il y a énormément de soignants qui sont encore suspendus : plusieurs milliers au niveau national. Donc oui, on demande leur réintégration car on manque de personnel. Mais ça ne suffira pas.
Il n'y a pas 100.000 soignants suspendus aujourd'hui. Donc il faut recruter largement, avec de bonnes conditions de travail, des salaires corrects et stopper ce mépris qui nous désigne comme étant les preneurs d'otages alors que les destructeurs de l'hôpital public, c'est eux.
Dans le Tarn-et-Garonne, une mobilisation est organisée ce lundi 27 juin pour défendre les urgences. À Moissac, les urgences pourraient être fermées à compter du 1er juillet jusqu'à la fin de l'été. À Montauban, la CGT redoute une fermeture des urgences la nuit et des patients guidés au téléphone par une équipe de régulation
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